Dans la peau de Maître Derville

Faut-il plaindre le Colonel Chabert ?

Déclaré mort lors de la Bataille Napoléonienne d’Eylau en 1807, il parvient pourtant à revenir à Paris, blessé par la vie et par de nombreux enfermements. Il est pris pour « fou ». Néanmoins il tente de reprendre sa place au sein d’une société qui le l’attend plus. Il ne peut ressuscité aux yeux du monde. Il se tourne alors vers la justice ; après avoir rencontré Maitre Derville qui est le seul à lui apporter son soutien, il tente de se faire reconnaître auprès de sa femme maintenant mariée à un autre homme : le Comte Ferraud.

Mais celle-ci n’en veut en aucune façon dans sa nouvelle vie alors qu’elle lui doit tout : honneur, fortune, rang social. Elle refuse l’existence de son ancien mari pour l’empêcher de lui causer du tort. Maitre Derville averti de l’âme humaine et de la perfidie de la Comtesse, il lui expose pourtant les faits. Il s’agit qu’elle convienne que le Colonel Chabert est bel et bien vivant.

On assiste dans l’œuvre d’Honoré de Balzac à la confrontation entre la mauvaise foi d’une femme et l’esprit de perspicacité de Maître Derville. Les élèves de Seconde B ont écrit une lettre pour exprimer les sentiments de l’avocat au sortir de cette scène perturbante.

Si vous souhaitez connaître la suite et la fin de ce personnage rendez-vous au CDI pour découvrir une œuvre bouleversante ou encore nous vous conseillons le très beau film éponyme réalisé par Yves Angelo en 1994 avec Fabrice Luchini, Gérard Depardieu et Fanny Ardant.

(Fabrice Luchini dans le rôle de Maître Derville et Gérard Depardieu dans le rôle du Colonel Chabert dans l’adaptation d’Yves Angelo, qui date de 1994.)

Voici la lettre imaginée par Alicia, Don Parfait, Milan et Paola :

« Mon cher ami,

Je viens à l’instant de quitter la plus redoutable femme qu’il m’ait été donné de voir. Elle m’a accueilli très chaleureusement et à ma surprise grande m’a appelé «  Mon petit Derville ». Son regard à la fois perçant et doux m’avait laissé sur le moment sans paroles.

Peu après, elle m’offrit une tassé de thé que je déclinais poliment afin de rentrer dans le vif du sujet. Dès lors, je décidai de lui annoncer la nouvelle et donc la raison de ma présence. Son sourire auparavant ravissant devint celui d’une femme
nerveuse, inquiète. La femme confiante, qui m’avait accueilli, disparut soudainement et céda sa place à une femme
« déboussolée ». Elle paraissait vraiment abasourdie, voire perdue même si elle fit mine de n’être au courant de rien. Mais cette façade mon cher dont seule la gente féminine a tendance à user m’était transparente. Et pourtant, quel charme, j’avais presque perdu mes moyens ! Ah quelle femme vicieuse ! Afin de tempérer ses ardeurs, je continuais sur un ton plus professionnel. Je lui mis les preuves de l’existence de son mari sous le nez et lui présentai clairement mes intentions. Elle nią tout, mais je n’accepte pas d’être berné aussi facilement, tu le sais. Je réussis dont à la piéger, malgré son théâtre de Boulevard. Se rendant compte de l’incohérence de son discours, elle eut honte certes, mais pas longtemps ; c’était clairement visible. Elle ne pouvait plus supporter un instant de plus mon discours et me le fit bien comprendre. dans le but de la calmer, j’essayai de la rassurer en lui disant que je restais son avoué et que sa clientèle m’était précieuse. Je pouvais cependant sentir son inquiétude. J’avais trouvé son talon d’Achille, et j’ai joué de sa crainte éprouvée vis à vis de son mari actuel : le Comte Ferraud. Je menaçais en quelque sorte son mariage.

Finalement, elle ne s’est pas montrée si futée que ça, elle reste une femme après tout !

Dans l’attente de te lire, mon cher Honoré et t’entendre bavasser sur le sexe faible.

Ton fidèle personnage

Thomas Derville »

(Affiche du film réalisé par René Le Hénaff, sorti en 1943.)

Et voici la lettre écrite par Ariel, Jessica, Jonathan et Ketsia :

« Très chère,

Je viens à l’instant de quitter la femme la plus redoutable qu’il m’ai été donné de voir dans ma carrière. Figure-toi une jeune parvenue, comtesse par dessus le marché mariée à deux hommes ! Séductrice et charmante, tout juste ce qu’il faut pour que je comprenne. En effet, sa beauté n’en égalait pas d’autre: elle était jolie c’est vrai et savait mettre en avant ses atouts. Dans sa tenue légère, elle m’a proposé une tasse de thé que j’ai poliment refusée.
Comme je m’y attendais, elle nia l’existence du Colonel Chabert au moment même où je mentionnais son nom.
Toujours aussi hypocrite, elle tenta de me mener en bateau, mais heureusement ses ruses n’ont pas su affecter un avoué aussi accoutumé que moi à la méchanceté du monde. Je lui tendis de nombreux pièges dans lesquels elle tombait tour à tour. Je n’avais jamais vu une femme aussi déterminée à nier des faits parfaitement avérés.
Le seul moyen de la coincer était de la mettre devant le fait accompli. Je l’ai mise à l’épreuve crois-moi ! Lui démontrant simplement que l’amour de son mari, le Comte Ferraud n’était pas exclusivement dû à sa beauté, mais principalement à son argent. Cette même beauté qui aurait pu sans doute me séduire dans d’autres circonstances et si je ne t’avais pas connu.
Elle eut un moment d’absence, réalisant que ses enfants et son physique n’étaient que des pions inutiles sur l’échiquier. Elle finit par m’inspirer de la pitié. A moins que le sentiment qu’elle exprimait de son côté ne fut de la nostalgie ! J’en doute, mais va savoir. Il faudra un jour que tu m’expliques la psychologie des femmes. Je dois t’avouer que la question qu’elle m’a posé à la fin m’a légèrement troublé : «  M’aime t’il encore ? » m’a t-elle demandé en parlant du Colonel. Quelle effrontée ! En écrivant, je me rends compte que j’ai fait l’erreur de lui répondre trop honnêtement.
Je t’en parlerai plus en détails la semaine prochaine.
D’ici là tout sera réglé, je l’espère.

Je t’aime mon amour. »

(Gérard Depardieu dans le rôle du Colonel Chabert et Fanny Ardant dans celui de la Comtesse Ferraud – l’ex-femme du Colonel Chabert, dans le film réalisé par Yves Angelo.)

Une proposition de Marie-Hélène Guiraud. Bravo à ses élèves qui se sont montrés bien inspirés !

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