Ce samedi 5 mars 2022 dans la belle salle Maadini au troisième étage du complexe Hypnose au centre-ville a eu lieu la troisième édition du concours d’éloquence féminin, un évènement louable et connaissant un engouement grandissant, créé par Mme Nelly Tshela Mutay, juriste et agrégée en langue française.

L’initiatrice de l’évènement a rapidement exprimé sa volonté d’encourager les jeunes filles à prendre la parole, ce qui reste encore trop souvent réservé à la seule gent masculine. 21 candidates de 6 établissements ont pu concourir. Elles se sont exprimées au sujet du développement durable, et ont réagi à la Déclaration de Berlin sur l’éducation au développement durable du 19 mai 2021.
Les écoles Maadini, Anuarite, Angela Merici, Saint Vincent de Paul, Hodari et l’école française Blaise Pascal étaient représentées. Chaque candidate a disposé de cinq minutes pour son exposé et chaque prestation a été suivie par une question posée par un des membres du jury.

Celui-ci a été présidé par l’avocat au barreau de Lubumbashi et Président de Congo Culture Absl M. Jacques Mukonga. Il comptait comme membres la Présidente du Réseau Observatoire des Droits de l’Enfant Mme Carine Katumbi, le présentateur à Malaika TV M. Channel Shiku, l’avocate au barreau du Haut Katanga Maître Gracia Mutuambile Butumbi, la responsable de la Distribution et de l’Investissement social de Equity BCDC Région Sud Mme Fidelia Saot Nambuy, l’ophtalmologue Dr Chenge Borasisi ainsi que l’étudiante de l’Institut Supérieur Pédagogique Mlle Kanakabu Matamba Camelia. La modération a elle été assurée avec professionnalisme par Mme Marceline Manyong Kapend et M. Shekinah Tshiokufila.
De nombreux sponsors ont permis la réalisation de cet évènement et doivent être cités : Equity BCDC, Pro Steel, Be Served, Afri Cell, Hypnose, Congo Culture ADSL, le magazine « Ici & Ailleurs », MTV, et la délégation générale de Wallonie-Bruxelles en RDC notamment.

Le concours a duré plus longtemps que la cérémonie des Oscars, mais s’est avéré très réussi. Les candidates se sont surpassées et ont fait preuve d’une maîtrise des techniques oratoires globalement fort convaincante. Surtout, elles ont parlé d’un thème fondamental et ont réveillé nos consciences parfois trop endormies, n’hésitant pas à nous interpeller quant à notre gestion des déchets, notre indifférence coupable face à la pollution exponentielle, ou encore notre habitude très condamnable de laisser les lumières allumées chez nous.
Beaucoup de candidates ont choisi un ton d’urgence assez solennel pour rendre justice à la gravité de la situation. La qualité générale des discours proposés a pu épater le public présent, en termes de richesse de vocabulaire, de pertinence des citations, mais aussi d’émotion, d’implication personnelle, de gestion de la voix, des gestes, et de fluidité de la parole.

La plupart a choisi de parler d’environnement, dénonçant aussi l’irresponsabilité égoïste des industries minières qui contribuent fortement à la pollution dantesque de l’air et à un nombre inimaginable de maladies pulmonaires et respiratoires, ainsi que la myopie ou la cécité de l’homme obnubilé seulement par le succès et l’argent, oubliant ainsi la planète sur laquelle il vit et sans laquelle pourtant il ne serait rien. L’ensemble des candidates a tâché de nous sensibiliser aux conséquences désastreuses de notre comportement envers la nature, de la déforestation massive et de l’extinction de la biodiversité. Une candidate a évoqué de manière bienvenue l’étymologie du terme « écologie », qui veut dire « science de la maison », issu du grec « oikos » qui veut dire « maison » et « logos » qui signifie « discours, parole » . La terre est donc bien notre maison, et pourtant nous la laissons se dégrader !

Certaines cependant ont parlé d’égalité entre hommes et femmes, rappelant que le développement durable concerne aussi des questions de société. On a en tout cas senti beaucoup de travail derrière les prestations maîtrisées des candidates qui n’ont vraiment pas démérité, et témoigné de beaucoup de conviction, de force et ne se sont pas laissées intimidées ni par le public bien garni par l’impressionnant jury composé de personnes habiles à maîtriser le verbe. De manière générale, on peut ainsi saluer le niveau intellectuel élevé des discours, très prometteur et réjouissant.
Chaque candidate a aussi répondu avec spontanéité et souvent inspiration à une question posée par chacun des membres du jury à tour du rôle. Cette question pouvait être « Pourquoi l’eau et le feu ne s’entendent pas ? », « Quels sont tes politiciens préférés ? », ou « Que fais-tu toi-même pour l’environnement ? », « Il n’y a pas de poubelle dans cette salle, que vas-tu faire de cette bouteille d’eau actuellement ? » (la candidate concernée qui a dit qu’elle la ramènerait chez elle pour la jeter dans sa propre poubelle a d’ailleurs été accueillie par un grand tonnerre de vivats).

Avant tout, nous voulons dire merci à Mme Nelly Tshela Mutay pour cette heureuse initiative, de même qu’à tous ceux – sponsors, personnalités et écoles – qui ont pu la rendre possible. La sensibilisation à l’environnement, l’éducation à la prise de la parole de la jeune fille et les évènements inter-écoles dans un climat sain et bon enfant nous paraissent des valeurs hautement louables. Nous souhaitons favoriser autant que possible les échanges entre nos élèves et ceux des autres écoles de la ville, nous ne voulons pas qu’ils restent dans leur « bulle du Golf ». Et c’était un vrai plaisir pour nous de découvrir les brillantes oratrices d’Anuarite, de Saint Vincent de Paul, de Maadini, d’Anuarite, de Johari, d’Angela Merici ou d’Hodari.

Évidemment, bien sûr, nous tenons aussi à féliciter tout particulièrement notre élève de 1ère, Berthe Mununga Nyota, qui a reçu le 1er prix et dont nous sommes très fiers. On pourra nous accuser de partialité, mais c’est un doux euphémisme que d’affirmer que Berthe Mununga Nyota a fait honneur à notre établissement. Nous nous sommes une fois de plus rendus compte de l’immense chance que nous avons de la compter parmi nos élèves.

Dans son discours, Berthe Mununga Nyota a fait preuve de beaucoup d’esprit, d’originalité, mais aussi d’humour et de malice, ce qui lui a manifestement permis de se différencier. Elle a de plus délivré une belle leçon d’humilité, en nous montrant que l’extinction des oiseaux et des arbres mènerait à la fin du monde, mais que la disparition des hommes n’affecterait en rien le sort de la planète, que nous constituerions même de bons engrais ! Notre étudiante a de plus dénoncé l’ « insatiabilité de l’homme », et a mis semble-t-il tout le même d’accord par son ton enjoué et l’intelligence de son discours. Elle ne s’est même pas laissée perturber par une coupure de courant survenue pendant sa prestation. Au moment de l’annonce du prix, Berthe Mununga Nyota, très émue, avait des étoiles dans les yeux. Normal quand on s’appelle Nyota !

Splendide Mbiya, notre élève de Terminale, a également signé une très belle prestation, solide et pertinente, et nous la complimentons ici très sincèrement pour sa prestation ! Elle a entre autres fait observer qu’on peut être très petit pour changer le monde ! Pour nous en convaincre, elle nous invite avec espièglerie à inviter un moustique dans notre chambre le temps d’une nuit !
Nous remercions ici les élèves de l’établissement qui sont venus écouter et encourager nos deux candidates avec beaucoup d’attention et un appréciable sens de la solidarité : Giuliana Munkeni, Martino Alombwe Khomba et Divine Mavinga Luemba en 4ème ; Maeva Beia Ngaz en 3ème et Sarah Kabila en 1ère.
Toutes nos félicitations appuyées aussi à Kaneza N’Simire Grace’el en 4ème scientifique à l’école Angela Merici – qui a ouvert le feu – et Ziakonda Kabisa Bénie en 5ème commerciale à Anuarite – qui a eu le mérite d’inclurer une poésie très bien sentie dans sa prestation. Grace’El et Bénie ont obtenu respectivement le 2ème et 3ème prix.
En outre, nous tenons à féliciter nommément toutes les autres candidates. Par ordre de passage : Ilunga Bakaya en 6ème littéraire à Hodari, Kazembe Saba Jely en 4ème littéraire à Maadini, Lumoo Ilunga Stella en 5ème littéraire à Anuarite, Kasweka Kazadi en 2ème scientifique au Collège St Vincent de Paul, Kilipunda Ida en 5ème scientifique à Angela Merici, Kanengele Ilunga en 5ème, Saphir Tsinish en 5ème littéraire à Maadini, Mitonga Kabamba Gracia en 5ème littéraire à Anuarite, qui ont parlé en 1ère partie.

En deuxième partie sont passées Amisa Makandja en 1ère commerciale générale au Collège St Vincent de Paul, Kibwe Siyenze en 5ème commerciale générale à Hodari, Madika Kazadi Perla en 5ème littéraire à Maadini, Muzinga Mukembi en 1ère commerciale générale au Collège St Vincent de Paul, Tshilanda Bukasa en 5ème littéraire à Hodari, Fatuma Wa Lwisi en 2ème scientifique au Collège St Vincent de Paul, Musanya Diata Marina en 4ème littéraire à Maadini, Nganda Kasuba en 2ème scientifique au Collège St Vincent de Paul, Mwimbi Kyembe Benedicte en 5ème scientifique à Maadini et Tshilanda Bukasu Romance en 5ème latin / philo à Hodari.

Remerciements chaleureux à Platiny Mardoel Tshimanga, réalisateur audiovisuel de Equity Bank et responsable évènementiel et communication de Canal + dans le Grand Katanga, pour les photos qui accompagnent cet article.